Chroniques

Spider-Man: Far From Home
Web 2.0


Par Hubert Charrier 24/07/2019

Deux ans après un premier volet de belle tenue, illuminé par la présence charismatique de Michael Keaton, Spider-Man revient à la charge dans Far From Home. Récréatif mais bancal, entaché par de nombreuses facilités et quelques incohérences, le long métrage de Jon Watts amuse toujours l’espiègle Michael Giacchino. Venise, Prague, Londres, l’European Tour de l’homme araignée est le prétexte idéal pour rafraîchir le costume et apporter un nécessaire renouvellement.

Avec Homecoming, Giacchino visait juste et trouvait un thème parfaitement à propos pour le tisseur de New-York, bondissant, enlevé et dans l’esprit du reboot impulsé par Jon Watts. Malgré la qualité indéniable de l’ensemble, l’album souffrait pourtant sur la longueur, manquant de variété et de profondeur, le thème du Vautour ne rendant notamment jamais grâce à l’interprétation de Keaton. Pour cette suite, le challenge ne semblait donc pas forcément aisé mais nous attendions d’une oreille bienveillante et attentive cette nouvelle composition.

Venise, Vedi, Vici

Placé fièrement en tête de score, le Far From Home Suite annonce d’entrée les intentions de l’américain. En plus de l’efficace motif de Spider-Man, dépoussiéré pour l’occasion, trois nouveaux thèmes se dévoilent et habiteront, par la suite, la bande originale. Le plus présent à l’écoute, c’est bien entendu celui du nouveau protagoniste, Mysterio dont l’ambivalence et les capacités permettent une structure à deux étages. L’instrumentation d’abord, avec ce mélange d’orchestrale et d’électronique, nous plonge dans l’univers factice et fabriqué du personnage. En répétant quelques notes synthétiques et stridentes, Giacchino annonce astucieusement mais sans finesse ce que le spectateur ne tardera pas à découvrir. L’idée est louable mais à la longue, cela alourdit certains passages déjà chargés (Mr. One Hundred and One). Plus intéressant, la courte mélodie héroïque et mystérieuse du personnage, entendue clairement lors des dernières secondes de World’s Worst Water Feature, conclusion de la spectaculaire scène d’action vénitienne.

Deuxième nouveauté de ce nouvel opus et respiration bienvenue, le thème de Peter et Mary Jane soutient les scènes romantiques du film. Dans la construction assez proche de celui d’Homecoming, moins marqué cependant, ce love theme reste de facture assez classique, piano, cordes et flûtes exprimant la sensibilité et la fragilité de cet amour naissant. Outre l’agréable Bridge and Love’s Burning, Personal Hijinks permet au compositeur de varier les couleurs en glissant avec subtilité sur le thème de l’araignée. Enfin, autre plus value, un motif inédit, lancé au cor, accompagne Nick Fury, toujours campé par Samuel L.Jackson. Utilisé avec parcimonie, il donne une autre impulsion, agréable mais mineure, comme sur l’attaque de Multiple Realities. Une piste probablement creusée dans une probable suite.

Plus épais qu’Homecoming, Spider-Man: Far From Home est sans nul doute un bon score. Avec quelques nouveaux thèmes, Michael Giacchino livre une partition complète et ravive suffisamment notre intérêt pour l’univers de Peter Parker. Malheureusement, les mêmes défauts viennent peser sur l’ensemble. Le point noir, les morceaux d’actions trop nombreux et trop garnis. Pour illustrer ces scènes souvent génériques, le compositeur réutilise sa sauce des Indestructibles, bien connue des amateurs. Une facilité désormais. Dans le film, difficile de lui en tenir rigueur, sur un album d’une heure vingt, c’est plus problématique et l’écoute peut vite se révéler usante. Intéressante mais usante.

Spider-Man: Far From Home, une bande originale de Michael Giacchino, à retrouver sur toutes les plateformes et sur La Grande Évasion.