Spider-Man: Homecoming
Tout et son contraire
Quelques mois après le charmant et psychédélique Dr Strange, Giacchino revient au saillant super-lycra en signant la musique des nouvelles aventures de l’homme araignée, Spider-Man: Homecoming. Même réchauffé, le ragoût d’arachnides reste alléchant. Le jeune Parker garde une côte d’amour incontestable et Marvel compte bien intégrer avec panache l’un de ses plus iconiques héros au tentaculaire MCU. Et puis, succéder à Elfman, Young, Horner et Zimmer, il y a pire destin pour un compositeur.
À l’origine déjà bien étriqué, le réalisateur Jon Watts hérite d’un costume franchement réduit suite à l’utilisation insistante de son propriétaire, Sony. Le pari, redonner toute sa couleur et son élastique au tisseur de New-York. Une cure de jouvence qui débute sur les bancs du lycée, peu de temps après une première apparition chez les Avengers. Homecoming, un titre à double sens, le retour à la maison et cette tradition nord-américaine fixée à la rentrée des classes. Dieu merci, pas de mort de l’oncle Ben ou de longues séances d’apprentissage, on retrouve un Peter clé en main, au fait et avide d’en découdre, l’appétit aiguisé par son dernier stage express.
Salaud de méchant
« Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film », confiait Alfred Hitchock à François Truffaut lors de leurs fameux entretiens. Une phrase trop rarement considérée par les récents blockbusters et cela faisait plusieurs années qu’un aussi réjouissant coquin n’était venu hanter un film de super-héros. Magnétique, merveilleusement campé par Michael Keaton, le Vautour aurait pu laisser une trace encore plus franche accompagné d’un véritable motif. Hélas, Michael Giacchino ne semble jamais très à l’aise dans l’exercice et Spider-Man: Homecoming ne déroge pas à la règle. Il suffit d’écouter Vulture Clash ou Fly by Night Opération pour s’en convaincre. Lourd, emprunté, martelé, son thème devient vite indigeste et peine cruellement à se renouveler. Un traitement à l’exacte opposé de celui de Peter.
Pour l’araignée, notre compositeur ne manque ni d’idées, ni de talent. Après une reprise amusante de l’iconique thème de 67, suivie d’une courte citation de l’Avengers de Silvestri, le voilà qui s’empare joyeusement du sujet. Du groovy Academic Decommitment au sautillant On a Ned to Know Basis, le musicien triture sa mélodie et varie les styles avec brio et rapidité, collant ainsi à l’énergie débordante et quasi hyperactive du personnage. Une sensation accentuée par l’utilisation abondante du Pizzicato.
Lorsqu’il le faut, Giacchino sait aussi muscler l’ensemble, preuve en est, les très bons Webbed Surveillance et Monumental Meltdown. Mais si la trame est souvent accompagnée avec intelligence (The Baby Monitor Protocol, A Boatload of Trouble), l’album manque un peu de richesse thématique et peut sembler, sur la durée, répétitif. Il serait tout de même dommage de ne pas profiter du panache de ce Spider-Man: Homecoming, bien supérieur à la majorité des scores Marvel mais un peu frustrant si l’on y regarde de plus près.
Spider-Man: Homecoming, une bande originale à retrouver en physique chez Sony Classical.